Entrecasteaux, un nom qui résonne
fort dans le petit monde des TAAF. Certains disent que c’est l’endroit le plus
joli, je ne saurais dire par manque d’éléments de comparaison, mais c’est beau,
franchement beau. L’accès y est limité, alors quand on a un ticket pour y passé
trois jours, on hésite pas.
Tout commence à 7h du matin
lorsque l’on part de la base. C’est parti pour 4-5 bonnes heures de marche. Il
faut monter jusqu’à la Caldéra,
l’antre du cratère, contourner le cratère par les crêtes, et là on prend çà
dose de vent dans le nez. A ce moment nous venons de prendre 700m de dénivelé.
S’en suit le passage sur les caillebotis, structure en bois mis en place pour
ne pas endommager les fragiles mousses qui tapissent le sol, pour finalement
déboucher au Pignon, point de vue imprenable au-dessus des falaises
d’Entrecasteaux, 700m au dessus du niveau de la mer. Tout en bas, au bord de
l’eau, on distingue la cabane, tout petit point au milieu de cette immensité.
Il ne reste plus qu’à descendre. Après avoir perdu une bonne centaine de mètres
à pieds, jusqu’à « la salle à manger », on s’engage sur une main
courante, parce que la pente se raidi, puis finalement, en bas de la ravine,
dans une via ferrata, nous permettant de perdre les cent derniers mètres. Un
peu de grimpette, de verticalité, une sensation que j’ai été heureux de
retrouver. Il faut ensuite longer la côte, pour finalement arriver à la cabane.
Devant, le grand large, immense et infini, derrière les 700m de falaise. C’est
un petit bout du monde, perdu au milieu des colonies d’albatros à bec jaune, au
pied de la cathédrale, ce rocher si caractéristique, un petit paradis. La
cabane est équipée tout confort, panneau solaire, récupération des eaux de
pluies,…rien ne manque.
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Itinéraire Entrecasteaux |
Après une bonne nuit bien
méritée, nous sommes levé à 6h pour la première manip, les prises de sang sur
les poussins d’albatros à bec jaunes. Les « becs jaunes »
nichent sur des pentes de sirpes relativement raides. Pour atteindre la
colonie, il faut donc commencer par crapahuter.
Une fois arrivée, il faut un petit moment pour réaliser où l’on
est : 100m au-dessus de la mer, vue plongeante sur la côte et la cabane,
on est entouré de centaines oiseaux, majestueux, de plus de deux mètres
d’envergue, qui s’envolent ou atterrissent sans arrêt, un espèce d’aéroport
géant, où les avions s’encroiseraient au décollage comme à l’atterrissage, un
spectacle dont on ne peut se lasser. Notre travail consistait donc à prendre un
certain nombre de poussins dans leur nid, pour les mesurer et réaliser une
prise de sang. Ces oiseaux n’ont pas de prédateurs, ils sont ainsi d’un calme
absolu et se laisse faire de manière presque honteuse lorsqu’on attrape leur
poussin bien au chaud sous leurs plumes. Le poussin lui se défend, menacé
constamment par les skuas, c’est ainsi que l’on se retrouve avec une belle
solution orange sur les genoux, mélange de petits calamars prè-digérés, que
l’oisillon régurgite en plaquant du bec pour impressionner son adversaire.
C’est petite boule de duvet blanc sont néanmoins adorables, et se fut un
plaisir de les tenir dans le creux de mes mains.
Le lendemain on s’est occupé des
gorfous. Le but de la manœuvre, leur coller un équipement, nommé vulgairement
GLS, sur le dos, permettant ainsi de connaître leur déplacement en mer. Le
gorfou est une proie en mer, notamment pour les orques, il est donc vif et
méfiant. Bien que se déplaçant en sautant à pied joint à terre (ce qui est
vraiment amusant à observer, surtout quant il se loupe en passant par-dessus un
obstacle), il niche paradoxalement très hauts dans les sirpes. En attraper un est déjà
un sport en soit. Petit, il se faufile parfaitement sous la végétation, ou
il disparaît. Il a donc fallu user de techniques de rabattage
« évoluées » pour les coincer. Une fois attrapée, un autre sport
débute, le maintenir en place le temps de la pose et des mesures, sans se faire
attraper par le bec, pas facile avec ce concentré de muscles sur patte !
Les soirées se passent autour d'un bon repas, d'un petit air de guitare et finalement d'un petit digestif, avec pour fond sonore le chahut des otaries, et la complète monotone de la mer.
3 commentaires:
Vraiment superbes les photos!!!!
j'suis d'accord avec Roma!!
Dément !
Ya pas des loutres sur cette île ?
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