Avant toute chose, un grand merci à tous pour avoir pensé à mon
anniversaire, çà m?a fait vraiment plaisir.
Voila maintenant une semaine jour pour jour que je suis en mer.
Maintenant que j?ai trouvé comment alimenter mon blog, je vais essayer
de vous retracer tout ce qui c?est passé, car se fut dense.
Après un long vol de plus de 10h, nous sommes arrivé à la Réunion le 2
décembre au matin, et avons appareillé le soir même. Le voyage a
vraiment commencé à ce moment précis, en voyant le bateau se détacher
du quai, et la proue se braquer vers 180° Sud. L?expression « lâcher
les amarres » n?a jamais eu plus de sens à mes yeux qu?à ce moment
précis. Peu de temps après avoir quitté le port l?hélicoptère de la
mission a rejoint le bateau, la cerise sur le gâteau.
N?étant pas marin pour un sou, la première chose qui marque lorsque
l?on navigue, c?est ce roulis permanant. Même en y ayant déjà un peu
goûté, là on se dit « çà va être comme çà pendant 3 semaines ?!». Et
bien finalement çà va mieux que prévu. Je n?ai pas pris un seul
médicament (les fameux Mercalm), et toujours d?aplomb. D?autres à bord
n?ont pas cette chance, et savourent beaucoup moins bien le trajet.
D?ailleurs pour la parenthèse, çà me préoccupe un peu parce que j?ai
le mal des montagnes et pas le mal de mer?je crois qu?il va falloir
que je recadre un peu mes centres d?intérêts !!
Le bateau, le Marion Dufresne, mesure plus d?une centaine de mètre et
est tout équipé pour les mers australes et le déploiement de matériel
pour alimenter les différentes bases scientifiques. Nous sommes
actuellement deux part cabine, et les journées sont rythmées par les
repas et les soirées au petit bar. Les activités sont suffisamment
diversifiées pour ne pas (trop) s?ennuyer : petite salle de projection
vidéo, espace sport (vélo d?appartement, table de ping-pong,
altères,?.), espace bar-détente avec baby-foot,?
Le troisième jour de navigation a été marqué par l?apparition des
premiers oiseaux marins (Pétrels à menton blanc, et Grands Albatros).
Ils suivent en général un peu les navires, habitués aux bateaux de
pêche. C?est assez hallucinant de les voir raser les courbes des
vagues sans jamais battre des ailes !! J?ai appris que tout ces
oiseaux (et notamment les « Alba » comme on les appelle) passe une
immense partie de leur temps en mer et ne vont à terre que pour se
reproduire. Il faut en sommes s?imaginer des oiseaux qui volent en
permanence et ne se posent presque jamais ! Ils maîtrisent tellement
les « voles planés », qu?ils ne consomment pas plus d?énergie en
l?air qu?à l?arrêt, sur terre !! Depuis se jour, la faune n?a cessé de
se diversifier en mer : Pétrels géantes, manchots royaux, baleines à
bosses,?
Impatient, et entrant dans une certaine routine sur le navire, nous
sommes arrivé le 7 décembre au large de l?archipel de Crozet. Terre en
vue !!?enfin presque. Nous nous étions levé à 4h du matin pour voir
l?arrivée au large de l?île principale, seulement tout était absorbé
dans un épais brouillard. « La magie des TAAF » comme le dis si bien
le responsable de la logistique. Il aura fallu attendre 10h pour que
le rideau se lève et nous laisse entr?apercevoir les falaises de l?île
de la Possession. Grand moment et immense satisfaction de revoir la
terre. A partir de là l?OP (Opération Portuaire) a pu commencer, et
tout c?est accéléré. L?OP devant durer trois jours, il ne fallait pas
perdre une minute pour commencer les déchargements et rotation en
hélicoptère et barge. Comble du hasard, je me suis retrouvé sur la
première liste pour débarquer, j?ai donc fait mon petit sac en vitesse
(appareil photo, jumelles, gore-tex,?) et me suis dirigé rapidement à
la DZ (Drop Zone, la « piste d?atterrissage » de l?hélico). Attente
dans le couloir,?soudain la porte s?ouvre, nous nettoyons nos
chaussures (pour éviter l?importation de graines sur l?île), enfilons
nos gilets de sauvetage et déjà le technicien, devant les portes de
l?hélico en marche, nous fait signe d?embarquer?la suite,? un vol
mémorable au dessus de l?eau puis des falaises sauvages avant de
rejoindre, beaucoup trop rapidement, la DZ de la base. L?équipe sur
place nous accueille et nous convie à un énorme buffet préparé pour
l?occasion. Etant en dessous du 40ème parallèle sud (les fameux 40ème
Rugissants), l?île est relativement aride. Il persiste ici et là
quelques espaces de verdure s?établissant à l?abri du vent violent qui
souffle en quasi permanence dans ces contrées, le reste n?est que
roches volcaniques et lichens à perte de vue. Sensation un peu
lunaire. Le repas terminé, dans la salle principale ornés de
l?ensemble des trombinoscopes artistiquement élaborées des différentes
missions, nous avons l?après midi pour découvrir les alentours de la
base. Pour ma part, j?ai utilisé tout se temps libre pour découvrir la
manchotière, et pour cause ! C?est par une petite piste en terre
battue, à 1,4 km de la base, et descendant vers le rivage, qu?il est
possible d?atteindre cette fameuse manchotière. La première chose que
l?on ressent en descendant, c?est tout d?abord le bruit de que çà
fait. Un tumulte chaotique de « chants ». En s?approchant un peu plus,
c?est le nez qui est pris au dépourvu, une odeur vous attrape les
sinus, un peu comme le fumier en arrivant dans une ferme. Et pour
terminer, en débouchant dans l?estuaire, ce sont les yeux qui se font
surprendre. Là, au bord de l?eau, se masse plusieurs milliers de
manchots royaux ! Un spectacle impressionnant. En se rapprochant
encore plus, on réalise également que toute cette nature, que se soit
les manchots ou encore les skuas, les chionis ou les éléphants de mer,
n?est pas craintive de l?être humain, elle fait même preuve de
curiosité. Il n?est donc pas exceptionnel de voir quelques manchots
s?approcher à moins d?un mètre de soi pour observer et analyser cet «
étrange individu ». Il serait difficile de décrire plus cette osmose,
mais on a vraiment l?impression d?appartenir au paysage, de faire
parti de cette nature. Les heures défilant inlassablement, il fallu
repartir au bateau. Après quelques coups de manche et de palonniers,
nous étions de retour dans nos quartiers, des étoiles pleins les yeux.
Nous avons dit au revoir aux quelques VATs (terme utilisé pour nous
décrire, nous les Volontaire scientifiques), qui restaient sur l?île.
Nous avons levé l?encre hier soir en direction de l?île Kergelen. Il
est frustrant de voir et de sentir pleins de choses sur cette île mais
de savoir que ce n?est pas encore notre tour, qu?il nous faut encore
attendre deux semaines avant d?atteindre « notre » île !! La patience
et de rigueur alors nous retournons à nos activités dans le bateau.
D?un point de vue pratique, je peux recevoir et envoyer des mails sur
le bateau. Mon adresse :
boris.bouillard@marion.ipev.fr
J?en profite pour vous dire qu?il n?est pas facile de tous vous
répondre individuellement, alors ne m?en veuillez pas trop si certains
mails restent sans réponse. Mais en tout cas ils me font tous vraiment
plaisir.
Je ne peux malheureusement presque pas envoyer de photos en raison des
restrictions de débit dû à la connection satellite. En voici quand
même quelques unes :
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Cette adresse n'accepte pas les emails de plus de 120 Ko
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